Au début du 20ème siècle, la loi de juin 1906 organise la distribution de l'électricité, notamment en confiant aux communes le choix du concessionnaire, selon des cahiers des charges-type. La construction des réseaux de transport et de distribution obéit à une logique de rentabilité, les zones rurales à faible densité de population n'intéressent pas les investisseurs privés. De plus les potentiels de consommation sont faibles, quelques ampoules pour la lumière, un ou deux moteurs pour l'agriculture¦

Devant cette carence, les agriculteurs se constituent en Coopératives d'Electricité. Mais juridiquement une coopérative agricole ne peut avoir pour client qu'un adhérent, agriculteur qui plus est : conditions incompatibles avec le régime des concessions qui exige que le distributeur d'électricité desserve, le long de son réseau, tout futur abonné qui en fait la demande.

La loi du 5 juin 1920, sur le crédit mutuel et la coopération agricole, apporte la solution avec la création des Sociétés d'Intérêt Collectif Agricole, SICA, qui peuvent recevoir comme membres des non-agriculteurs et effectuer des opérations avec des clients non-sociétaires.

En quelques années, ce sont plusieurs dizaines de SICAE qui vont se constituer, car non seulement il faut électrifier les campagnes, mais il faut aussi reconstruire les réseaux anéantis par cinq années de guerre.

La loi de nationalisation du 8 avril 1946, avec la création d'EDF, reconnaît la spécificité des SICAE, sociétés animées par l'esprit de coopération au service des communautés locales : les SICAE continuent d'exploiter leurs réseaux, avec comme fournisseur EDF.

Depuis, les SICAE ont su s'adapter, notamment en opérant des fusions successives, pour garder la taille critique nécessaire afin d'accompagner et d'anticiper les évolutions technologiques, sociales, et aujourd'hui législatives, avec la transposition en droit français des directives européennes, depuis la première directive européenne 96/92/CE du 19 décembre 1996 et la loi n°2000-108 du 10 février 2000.